L’AVENIR DE L’AGRICULTURE NE PEUT SE CONSTRUIRE
CONTRE NOTRE SANTE
ET NOTRE ENVIRONNEMENT
Depuis plusieurs jours, les agriculteurs font entendre leur colère. Nous considérons comme légitime leur
dénonciation de traités internationaux de libre-échange qui organisent une compétition déloyale. Nous
dénonçons avec eux également les marges choquantes de distributeurs, coopératives et industriels qui privent
de revenus décents un bon nombre d’agriculteurs, notamment les agriculteurs bio.
Nous sommes beaucoup plus circonspects sur d’autres demandes, comme remédier à l’excès de normes
environnementales ou supprimer les soi-disant surtranspositions du droit européen dans le droit français.
Ces demandes émanent de dirigeants agricoles qui prétendent représenter « les agriculteurs ». Quoi de
commun entre un céréalier de la Beauce, un producteur de reblochon, un éleveur bio, un maraîcher industriel,
un viticulteur de cépage protégé ? Le discours sur « l’agriculture est au-dessus de tout » signifie en réalité que
ce gouvernement va laisser le lobby agro-industriel décider de tout.
Depuis des mois, une grande régression semblait se profiler. Nous y sommes.
En dépit de la pollution des eaux par les pesticides, la Première ministre a annoncé le 5 décembre dernier,
après une rencontre avec le président de la FNSEA, l'abandon du relèvement de la redevance pour les
pollutions diffuses liées aux ventes de pesticides, ainsi que celle sur les prélèvements sur la ressource en eau.
L’abandon du principe pollueur-payeur prive les collectivités des moyens nécessaires pour assurer le
traitement de l'eau… Ce qui ne sera pas payé par les pollueurs devra l’être par les consommateurs.
A Bruxelles, le Président Macron va demander et obtenir la suppression des surfaces d’intérêt écologique (4%),
la remise en cause du Green deal (alors que 8 mesures ne sont pas encore programmées). En revanche il
n’interviendra pas sur les vraies raisons de la crise : absence de prix rémunérateurs, réactivation des OCM
(organisations communes de marché), réorientations et plafonnement des aides à l’agriculture.
Malgré les maladies liées aux pesticides, certains syndicats agricoles réclament le retour à l'utilisation de
pesticides dangereux, allant jusqu'à demander que l’Anses, actuellement responsable des autorisations de mise
sur le marché, soit soumise au contrôle politique du ministère de l’Agriculture.
Ils veulent placer l'Office français de la Biodiversité (OFB) sous l'autorité des préfets. Quant au rejet réclamé du
principe de non-régression du droit de l'environnement, il remet en cause par exemple, le droit des riverains à
obtenir des zones de non-traitement (ZNT), pour être protégés des pulvérisations mortifères !
Rappelons quelques impératifs :
- Il faut soutenir les paysans défendant un modèle agricole durable, en réorientant la PAC pour que 80% des
aides n’aillent plus à 20% de grosses structures,
- C’est la protection de la santé de la population qui doit rester « au-dessus de tout », celle des
consommateurs, des producteurs, des voisins riverains,
Nos décideurs politiques, en continuant à soutenir une agriculture productiviste sans prendre en compte le
dérèglement climatique et l’impact des pesticides sur notre santé, bafouent systématiquement le principe de
précaution. Les pro-pesticides sans limites ne pourraient-ils pas se rappeler que nombre de leurs collègues et
des riverains sont très malades ou décèdent à cause des pesticides ?
Dernière minute : le premier ministre vient d’annoncer « la mise sur pause du plan de limitation des
pesticides » : nous sommes atterrés par cette décision qui va à l’encontre de la protection de notre santé et
de notre environnement.
Contact :
Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest : 06 82 58 67 32
Courriel : Victime.pesticide.ouest@ecosolidaire.fr