Collectif victimes pesticides : Compte-rendus de notre audition de 5 candidats aux régionales en Bretagne

Mercredi 26 mai, 5 candidats aux régionales en Bretagne sont venus chez Christian, paysan atteint d’une maladie professionnelle liée aux pesticides, pour répondre à la question que nous leur posons :

SORTIE DES PESTICIDES : QUAND et COMMENT ?

  Point positif : tous les candidats aujourd’hui reconnaissent que la sortie des pesticides de synthèse est une nécessité, ce qui n’était pas le cas en 2016 quand le Collectif s’est créé. Par contre, la détermination de chaque candidat à faire aboutir cet objectif de sortie des pesticides est variable, voire purement théorique (aucun ne nous a expliqué comment il s’y prendrait). Nous laissons à chacun le soin de se faire son opinion en lisant, écoutant ou regardant les documents suivants:
Loïg CHESNAIS GIRARD La Bretagne avec Loïg
Olivier ALLAIN Nous la Bretagne
Daniel CUEFF Bretagne ma vie
Claire DESMARES-POIRRIER Bretagne d'avenir
Marie Madeleine DORE LUCAS Bretagne insoumise
 

En conclusion, nous vous livrons le point de vue de 2 participants à cette rencontre : Gisèle, atteinte de parkinson, qui a engagé une demande de reconnaissance en maladie professionnelle et René, membre du groupe de coordination :

 

L’avis de Gisèle :

« Mon sentiment de colère vis-à-vis de certains candidats aux régionales ne me quitte pas. Comment oser annoncer devant une assemblée de  victimes des pesticides un délai de 10 à 20 ans avant de pouvoir sortir de l’utilisation de cette chimie de mort ?

Est-ce la fonction « d’Homme ou de Femme politique » et la volonté d’être élus ou réélus qui altèrent leur vision de ce monde destructeur du vivant dans lequel nous sommes ?

Je suis atterrée :

Par le manque de conscience, de courage politique des élus sortants qui se satisfont de quelques mesures agro-environnementales sans s’attaquer au fond du problème qu’est l’agriculture productiviste.

Par une attitude fuyante du représentant de « Nous la Bretagne » qui au lieu de répondre aux questions, raconte ce qu’il fait sur sa ferme.  Est-ce une façon de se dédouaner d’une politique désastreuse menée en termes d’environnement lors de ses différents mandats ?

J’ai eu le sentiment de ne pas avoir été respectée et que l’on se moquait de nous.

Comment peuvent-ils ignorer que les pesticides empoisonnent la terre, le monde vivant dans son ensemble et qu’il y a urgence à agir ? Oui il faut du courage pour changer les choses, le courage politique de s’opposer aux lobbies de l’agrobusiness, je crains que ceux-là n’en ont guère.  

Seuls les représentants de » Bretagne ma vie », « Bretagne d’avenir », et « Bretagne insoumise » osent proposer un autre paradigme par une réelle remise en cause des pratiques agricoles. En ayant conscience que ces changements dépassent le monde paysan et qu’il est bien un problème sociétal.  Les mesures présentées, loin de stigmatiser le monde paysan, proposent de les accompagner dans un changement de pratique.

Je déplore que ces trois courants n’aient pas fait liste commune.

 

Cette rencontre fut très instructive, et m’a donné encore plus de volonté. Celle de décupler mon pouvoir de citoyenne et de faire pression pour que les choses évoluent.

Interrogeons nos élus, dérangeons-les, ne minimisons pas notre pouvoir en tant que citoyen-ne, électeurs- trices et consommateurs. 

Les changements viendront de la base  de notre capacité à agir. »

 

L’avis de René :

La journée de rencontre, à l'invitation du collectif de soutien aux victimes des pesticides, des représentants  de 5 listes aux élections régionales a été un évènement important dans le combat contre l'utilisation des pesticides en agriculture. L'utilisation des pesticides est en fait reconnue comme un problème de société identique à celui de l'amiante. Le changement de pratiques en agriculture demeure plus complexe, une différence d'approche est apparue entre ceux qui sont aux responsabilités et celles et ceux qui souhaitent y accéder.

 

Le "grand oral" a clairement démontré la limite des propositions : seulement 3 des candidats ont inscrit la démarche dans un projet politique global, avec des délais parfois longs, c'est le cas du Président sortant, candidat à sa succession, faisant référence au vote du SRADDET. Aucun d'eux n'a fait référence aux rôles d'accompagnement que peuvent être les différentes fermes expérimentales des lycées ou des chambres d'agriculture, alors que la Région pourrait conditionner les aides à un objectif de réorientation de ces outils de vulgarisation à l'agroécologie.  Idem côté recherche avec les pôles Bretagne-Pays de Loire.

 

Il nous apparaît important de souligner la prestation, sans préparation et pour partie hors sujet,  du V.P. à l'agriculture de la région Olivier Allain. Il a fait , d'une part, référence au projet mort-né du projet de régionalisation de la PAC alors que la décision par le gouvernement, a définitivement refusé ,  afin d'obéir à la FNSEA, d'autre part il n'a pas soutenu la proposition de la commission européenne d'imposer le dispositif de rotation des cultures (BCEA8) au mois d'avril dernier, remis en cause sous la pression de la France, principal moyen pour construire un plan protéines permettant à terme l'arrêt des importations de soja.

 

Dans ces conditions, les MAEC (mesures agricoles , environnementales et climatiques) inscrites dans le P.D.R. (programme de développement rural) en 2015 (avant son élection au conseil régional), risquent de disparaître avec la politique de la majorité présidentielle en place, dès 2023.

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