Maïs à la phosphine : où en est-on ?

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le 25 janvier 2017 : José BOVE et plusieurs organisations demandent une audience d’urgence à Marisol Touraine

Depuis la mi-décembre, une cargaison de 25000 tonnes de maïs
empoisonné à la phosphine, un biocide extrèmement toxique, est
entreposée dans le port de Brest.
Malgré les annonces des autorités sanitaires et de l’entreprise
Nutréa-Triskalia, la phosphine tarde à se disperser au contact de
l’air. Son stockage même devient dangereux, risquant l’échauffement et la fermentation.

Cette situation n’a que trop durée. À aucun moment ce maïs ne doit
pas être intégré à l’alimentation animale à laquelle il était
destiné, et rentrer ainsi dans la chaine alimentaire. Rappelons que
certains camions ont déjà entreposé ce maïs sur les sites de
l’entreprise Nutréa-Triskalia de Plouisy et Plouagat. Ce stock de maïs doit être détruit.

Le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, le
Syndicat CGT des marins du grand ouest, l’Association Mor Glaz, l’Union syndicale Solidaires et le Comité de soutien aux victimes des pesticides de Triskalia, appuyés par le député européen José Bové, ont demandé une audience d’urgence à Marisol Touraine, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, afin que soit trouvée une solution à cette situation, qui devient dangereuse pour les travailleurs et les consommateurs.

https://www.facebook.com/…/

Historique complet de l’affaire du Maïs à la phosphine

Le 20 décembre,  des salariés de Triskalia Plouisy nous informent de la livraison dans les prochains jours, de 6000 tonnes de maïs traité à la phosphine ; à la lecture des caractéristiques de la phosphine, ces salariés refusent de manipuler ce maïs ; ne pouvant s’y opposer publiquement (risque de perte de leur emploi) et n’étant pas soutenus par le syndicat CFDT, ils nous ont alertés.
La phosphine est un fumigant utilisé sous forme de cartouches, particulièrement dans les bateaux, comme insecticide pour les céréales. C’est un gaz très dangereux, interdit en France, mais bizarrement autorisé sous conditions pour le maïs (voir art. 32 dans legifrance) :

Le maïs a été chargé en Roumanie à Constanza sur un bateau qui appartient à un armateur polonais et bat pavillon Bahamas. Il est importé par la Cobrena, filiale de Triskalia. 25 550 tonnes ont été déchargées le 16 décembre sur le port de Brest.
Une forte teneur en phosphine est immédiatement détectée dans plusieurs cales et sont laissées ouvertes plusieurs jours afin qu’elle se dissipe.
59 tonnes sont transférées à Plouisy.

21 décembre : Solidaires, R. Louail et le Collectif donnons une conférence de presse au local Solidaires à St Brieuc ; Ouest-France, le Telegramme, l’AFP, l’Humanité, FR3 Bretagne répercutent l’information.
http://www.humanite.fr/pesticides-peur-sur-la-cooperative-629192
Nutrea-Triskalia publie un communiqué indiquant qu’ils ont fait des analyses et que pour les 59 t arrivées à Plouisy, la concentration en phosphine est de 0 ppm.
Nous interpellons la Direction du travail, les affaires maritimes, la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dréal), ainsi que la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) sur la mise en danger des salariés par l’entreprise ; en effet, ceux-ci ont découvert incidemment le risque que celle-ci leur faisait prendre.

6 janvier : une note interne à Nutréa, signée du directeur, en date du 23 décembre, nous parvient dans laquelle il est écrit : « entre temps, lors de contrôles de routine en magasin de stockage portuaire, il a été détecté une teneur en phosphine jugée non conforme ».
Nous interrogeons le directeur de cabinet du préfet maritime sur ces teneurs et les contrôles en cours. Celui-ci refuse de nous donner plus d’informations.
D’où notre deuxième conférence de presse le 9 janvier.
http://www.letelegramme.fr/bretagne/pesticides-25-500-t-de-mais-bloquees-au-port-de-brest-10-01-2017-11356976.php?http://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-traite-avec-un-produit-toxique-le-mais-reste-bloque-sur-le-port-4724967

le 12 janvier : José Bové demande la destruction des 25 500 tonnes stockées sur le port de Brest.
https://www.facebook.com/notes/…
http://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-jose-bove-veut-faire-detruire-le-mais-empoisonne-4739168

le 16 janvier : nous nous réunissons à Brest avec en particulier les dockers CGT du port de Brest et publions un communiqué commun :
« Devant tant d’incertitudes, les organisations signataires demandent la destruction immédiate et sous contrôle des 25 500 tonnes de maïs traitées à la phosphine sans oublier les 59 tonnes déjà livrées à l’entreprise Nutréa-Triskalia de Plouisy dans les Côtes d’Armor.
Elles exigent également l’ouverture d’une enquête transparente sur les points suivants :
– Le respect de la réglementation concernant l’utilisation de certains fumigants en France et particulièrement de l’utilisation de la phosphine (Arrêté du 4 août 1986.)
– le respect de la législation sociale concernant la sécurité des personnels affectés à la manutention, au traitement et au transport de la cargaison.
– La traçabilité des céréales transportées : compte tenu des particularités des zones de production à risques (Roumanie, Ukraine) : présence possible de radioactivité, d’OGM et de glyphosate.
– La transparence des contrôles effectués par les services de l’État, puis la communication des résultats des analyses effectuées.
Les organisations signataires s’étonnent du silence de la Région qui assume la responsabilité de la gestion des ports et n’a pas été en capacité d’imposer un cahier des charges qui permette de protéger les travailleurs et les populations, contre la dangerosité de produits comme la phosphine. »
Le communiqué est repris par plusieurs journaux :
http://7seizh.info/…/brest-le-stock-de-mais-empoisonne-a-l…/
http://www.liberation.fr/futurs/2017/01/17/….

19 janvier : le préfet nous en dit un peu plus ; il évoque des mesures qui pourraient être prises pour qu’un tel phénomène, “inédit” ne se reproduise pas.
http://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/mais-toxique-bloque-brest-que-s-est-il-passe-4745547
C’est déjà mieux que « circuler, y a rien à voir ».
Nous finirons peut-être par tout savoir !?

 

Cette affaire pose de nombreuses questions :
Santé publique : nous sommes tombés par hasard sur cette affaire de phosphine ; mais c’est semble-t-il, une pratique courante ! l’alimentation animale est fabriquée avec des produits importés du monde entier, traitées pour le transport par ce genre d’insecticides.
D’une part, les éleveurs soignent leurs animaux avec des aliments dont ils ne connaissent ni l’origine, ni la teneur. Comme certains nous ont dit : « quand on a de la mortalité dans nos élevages, les techniciens mettent en cause notre compétence ; quand on apprend avec quoi sont fabriqués les aliments, on peut se poser des questions ». Et la mortalité dans les élevages est élevée ; ne serait-elle pas due pour une grande part à une intoxication alimentaire des animaux ?
D’autre part, les dockers (http://www.sante-et-travail.fr/sur-les-traces-des-cancers-professionnels-des-dockers_fr_art_1343_71152.html : article effarant à lire absolument), les chauffeurs, les ouvriers des coopératives inhalent ces produits.
Selon la direction de Nutréa, quand la teneur en phosphine sera redescendue à 0 ppm par la manipulation du maïs, celui-ci ne présentera plus de danger et sera consommable. Peut-on vraiment le croire ?
La maîtrise et la transparence des services de l’Etat : ceux-ci refusent de nous dire quel laboratoire, indépendant de Triskalia, fait les analyses, refusent de nous communiquer les résultats de ces analyses, de nous assurer que le maïs n’a pas été dispatché sur d’autres sites que Plouisy.
Il nous semble qu’ils sont dépassés par les volumes des échanges commerciaux et ne savent pas réellement la qualité de ce qui est importé. Par exemple, faute de connaître de manière sûre la provenance du maïs (Ukraine ou Roumanie), ils n’ont pas, semble-t-il, vérifié s’il contient des OGM et donc des résidus de glyphosate / AMPA.
Les effets de la mondialisation : pourquoi importer de telles quantités de maïs ? la mauvaise récolte de 2016 en France est-elle une réponse suffisante ?

Nous savons que le marché des céréales est spéculatif. N’est-ce pas un moyen pour faire baisser le prix de revient de l’aliment, sans se préoccuper des conséquences pour la santé humaine ?

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